Instant Ciné #18 Au Revoir Là Haut



Au revoir là-haut : Photo Albert Dupontel

Après tant de louanges, l'adaptation du livre éponyme de Pierre Lemaitre Au Revoir là Haut est sortie enfin dans les salles. L'acteur et réalisateur Albert Dupontel nous offre un film poétique et réaliste sur l'après guerre.


Synopsis

En , Albert Maillard est interrogé par un officier de la Gendarmerie française, au Maroc. À travers son témoignage, il raconte la fin de sa participation à la Première Guerre mondiale, sa rencontre avec Édouard Péricourt, fils de bonne famille parisienne défiguré par le conflit. Ensemble, ils montent une opération d'escroquerie. L'histoire suit également Henri d'Aulnay-Pradelle, leur ancien lieutenant va-t-en guerre devenu lui aussi escroc et qui est parvenu à intégrer la famille Péricourt, dont le patriarche règne sur la classe politique parisienne.


    

Dans le paysage cinématographique français, il est rare de voir des films remplis de qualités et d'élégance. Le film Au Revoir Là Haut est l'un des plus beaux films français de cette année. D'après le roman éponyme de Pierre Lemaitre, le réalisateur et acteur Albert Dupontel réalise une tragi-comédie poétique et théâtral. Peu de films évoquent l'après guerre, le traumatisme et l'hypocrisie de l'Etat français. On rencontre Edouard Péricourt, un soldat à la gueule cassée où la vie prend une autre tournure après la guerre. Le personnage est joué par l'acteur Nahuel Pérez Biscayart (vu dans 120 battements par minute), un rôle difficile notamment dans la façon de faire passer l'émotion par un dialogue muet traduit par l'expressivité et la créativité des différents masques. Très vite, Edouard Péricourt transforme son histoire comme une grande mise en scène avec ces masques. Le côté théâtral nous rappelle le théâtre Nô où le protagoniste couvrait son drame derrière un masque. Par delà les masques, Edouard Péricourt porte des masques pour quitter sa propre personnalité et oublié son drame. Chaque masque est stylisé et très esthétique, fait passer l'émotion et apporte une autre personnalité. 

“ la guerre n’était rien d’autre qu’une immense loterie à balles réelles dans laquelle survivre quatre années tenait fondamentalement du miracle. ” 

Effectivement, Dupontel nous offre une réalisation poétique et réfléchie.Ce pamphlet politique est immersion dans cette après guerre où la création de monuments aux morts est un moyen de glorifier la victoire, se souvenir du sacrifice des combattants et d'exalter le patriotisme. Lorsque le personnage d'Edouard Péricourt entame son projet d'arnaque avec la conception de faux monuments aux morts, c'est un doigt d'honneur à son père Marcel Péricourt joué par Niels Arestrups et à l'Etat français. Le côté populaire est vu avec cette mise en scène des personnages de la Grande Guerre transformés en guignols rend ces personnages grotesques. Puis, il y a le personnage de Dupontel, Albert Maillard maladroit et touchant où il est l'illustration des bouleversements de l'après guerre c'est à dire la perte d'emplois pour certains combattants mobilisés. Et, il y a la touche d'espièglerie apportée par le personnage de Louise joué par Héloïse Balster. La beauté du film passe par la force de l'image avec un travail soigné et esthétique. 

On pourrait être qualifier ce film de tragi-comédie car le drame est effacé par l'humour et la poésie. Aujourd'hui, on ne voit plus beaucoup ce genre de film français où on laisse place à la créativité. Au Revoir là haut amène tout ce que l'on veut voir dans le cinéma français: une réalisation simple, travaillé et réfléchi portée par une image élégante et esthétique. Je recommande vivement ce film qui montre aussi une satire politique vis à vis de la guerre et de l'après guerre.

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